La DS apparait en 1955 et sa petite sœur : l’ID « l’idée ». En 1957 naît L’ID19, (une DS simplifiée sans direction assistée, avec une boîte mécanique et un moteur de traction 11D modifié). Elles seront conçues et commercialisées par Citroën entre 1955 et 1975.
Elles reprennent le même principe de la traction avant, qui avait fait la renommée de Citroën avec une carrosserie, en partie inspirée de la Studebaker avec :
- Une ligne extrêmement audacieuse ;
- Un confort intérieur remarquable grâce à sa suspension hydropneumatique à assiette constante, propre à la marque jusqu’en mai 2017 ;
- Embrayage automatique, direction et freins assistés par un système hydraulique à très haute pression.
La DS se fera remarquer dès son lancement :
Ce lancement « prématuré » de la DS – « la soucoupe volante » – en raison de fuites dans les Médias, aura lieu au Salon de l’automobile d’octobre 1955. Il provoquera une ruée sur le stand Citroën : 749 commandes en 45 minutes, puis 12 000 en fin de journée et 80 000 à la fin du Salon.
La déesse était très en avance à sa sortie en 1955, elle le restera encore à la fin, vingt ans après, la production totale atteindra 1 455 746 modèles.
La gamme DS 19 sera complétée en 1964, par une finition de prestige, baptisée DS Pallas. On la reconnaitra facilement aux deux phares supplémentaires à longue portée avec des lampes à iode. Avec un intérieur plus luxueux (cuir).
Le « moteur série D »,
À quatre cylindres en ligne, celui qui équipait la Traction avant 11 D, jusqu’en juillet 1957. Il passera de 1,9 à 2,0 puis 2,1 et enfin 2,3 litres. D’où les désignations des différentes versions DS 19, 20, 21, 23). Sa puissance elle évoluera de 75 à 115 CV SAE.
Un cabriolet (luxueux) construit par Henri Chapron en 1958. En 1965, apparaît la DS19 PALLAS. L’extérieur de la voiture est plus soignée, avec des bandes latérales chromées, quatre feux à iode.
L’injection électronique Bosch (type D-Jetronic) fit son apparition sur la DS 21 injection électronique (139 CV SA) en 1969.
En 1973, La DS23 remplacera la DS21, équipée d’un moteur de 2,3L, gagnant ainsi en puissance et surtout en souplesse. Son moteur de 1 985 cm3 adopta un vilebrequin à cinq paliers. Pour faire oublier un certain nombre de quolibets du genre « voiture d’avant-garde, moteur d’avant-guerre ». Mais ce moteur ne fut techniquement pas à la hauteur. En effet ce modèle devait initialement recevoir un six-cylindres à plat refroidi par air autrement plus ambitieux mais celui-ci, ne réussit jamais à fonctionner correctement, contraignant Citroën à recourir in extremis à une peu glorieuse solution de repli.
Selon l’auto journal : “la 23 avait gagné un aplomb et un moelleux qui la fit monter d’un cran dans la hiérarchie de la voiture de tourisme rapide et confortable. »
La DS, une voiture révolutionnaire :
Cette automobile « VGD » (Véhicule de Grande Diffusion), s’avèrera révolutionnaire par bien des aspects :
- L’arrivée de nombreuses innovations techniques (totalement inconnues en Europe) :
- Direction assistée ;
- Boîte de vitesses assistée à commande hydraulique ;
- Freinage assisté par des freins à disque à l’avant ;
- Pivot de direction dans l’axe des roues et, à partir de 1967, phares pivotants ;
- Puis, en septembre 1969, introduction de l’électronique « moteur à injection » ;
- À l’origine, son long capot avait prévu pour accueillir un moteur 6-cylindres, (le 6-cylindres en ligne de la 15), mais celui-ci ne put être adapté, pour cause d’encombrement ;
- Un volant de direction monobranche, conçu pour éviter de briser la cage thoracique du conducteur, en cas de choc frontal violent.
- En 1965 le tachymètre des DS 21 rappellera les distances de freinage associées aux principales vitesses.
L’attentat du Petit-Clamart :
Les qualités de la DS furent pour beaucoup dans la survie du général de Gaulle lors de l’attentat du Petit-Clamart, dont il fut victime le 22 août 1962, à bord de la DS 19. Avec deux pneus crevés, sur une mauvaise route mouillée, tout en prenant de la vitesse, toute autre automobile de l’époque, dans les mêmes circonstances, serait probablement partie en tête-à-queue ou en tonneau.
La DS aux États-Unis :
Pour cause d’une conception technique sophistiquée nécessitant un entretien important, elle n’intéressera que ceux qui étaient prêts à faire des efforts pour rouler « différemment », elle peinera ainsi à s’imposer sur le marché américain.
La déesse au cinéma :
Sur les écrans. Depuis Les lions sont lâchés d’Henri Verneuil en 1961, jusqu’à Peur sur la ville du même réalisateur en 1975. En passant par Hibernatus d’Édouard Molinaro en 1969, et Le cerveau de Gérard Oury la même année. La DS va devenir une vraie star de cinéma. Mais son rôle le plus mémorable reste sans doute celui de la série des Fantomas de André Hunebelle, notamment dans l’épisode de : Fantomas se déchaîne de 1965. Où la DS se transforme en avion pour décoller d’une piste d’aviation. Puis encore avec : Alain Delon (Le Samouraï, 1967), Lino Ventura (Les silencieuses, 1973). Louis de Funès ( Le Grand Restaurant, 1966, Rabbi Jacob, 1973).
Les DS et ID en compétition :
Bien que trop lourde et handicapées par leurs grandes tailles, sans compter sur le manque de puissance de leurs moteurs (même améliorés). les DS/ID sauront très bien prouver leur caractère sportif grâce à leurs incroyables tenues de route – « en virant à plat ». Elles vont s’offrir un palmarès que beaucoup de voitures dites sportives pourraient leur envier. Du Monte-Carlo aux pistes du Maroc en passant par le Tour de Corse… Elles compenseront leur manque de puissance moteur par leur redoutable efficacité routière.
Un Symbole ?
-La DS sera l’un des symboles de la France des années 1960 et 1970, les « Trente Glorieuses ».
Cela constituera : le sujet d’un chapitre du célèbre ouvrage de Roland Barthes : Mythologies (Seuil, 1957). Qui voit en cette voiture « l’équivalent assez exact des grandes cathédrales gothiques : je veux dire une grande création d’époque, conçue passionnément par des artistes inconnus, consommée dans son image, sinon dans son usage, par un peuple entier qui s’approprie en elle un objet parfaitement magique ».
-Encore aujourd’hui, la marque « DS » de Citroën est perçue par les Français comme une marque associée à la France. Elle partage une proximité avec les habitants : « on partage tous des histoires avec Citroën dans notre famille avec nos parents, nos grands-parents ».
« Tout le monde ne pouvait pas avoir une DS, mais tout le monde en rêvait ».
Un Français Manuel Boileau au cours d’un voyage autour du monde dans une ambulance DS de 1971. (80 000 km à travers 38 pays). Dans la jungle laotienne, il découvre, abandonnée et en mauvais état, la DS Prestige qui avait appartenue au dernier roi du Laos. Depuis elle a été restaurée !
Une DSe 2022 (électrique) reprendrait la silhouette bien connue de la DS originelle, dans une version simplement adaptée aux codes modernes et au langage Citroën actuel.
Conclusions :
Le 13 octobre 2008, Citroën a renouvelé la protection des droits de propriété des deux lettres « DS ». Afin de créer une ligne haut de gamme au sein de la gamme Citroën et, dans un futur proche, en faire une marque à part entière dans le monde : « DS Automobile ».
Comme l’explique Jean-Pierre Ploué, directeur du style du groupe PSA. « Ce nom, ces deux lettres ‘DS’, en plus d’être associées à l’imaginaire extraordinaire de la DS de 1955, sonnait comme un produit haut de gamme, c’est un nom qui nous appartenait, et il était juste parfait pour porter ce type de produit… ».
Une DS 23 cabriolet a été vendue en 2009 pour la somme de 344 850 €