La Ford T, surnommée familièrement Tin Lizzie. généralement considérée comme la première voiture accessible au plus grand nombre. Celle qui « mit l’Amérique sur des roues », sortira de l’usine de Détroit le 27 septembre 1908.
Henry Ford sentira très vite, que l’automobile ne sera pas réservée à une seule élite. Que la majorité des Américains ne demande pas des raffinements esthétiques ou de mécaniques sophistiquées. Ils recherchent avant tout, une voiture simple à entretenir, voire austère, leur permettant de presque “tout faire” avec et surtout bon marché. Les premiers modèles coûteront en moyenne la moitié des autres modèles disponibles sur le marché.
La « T », s’avèrera la première voiture construite à la chaine avec des pièces complètement interchangeables. Son objectif : séduire la classe moyenne américaine. Lorsque la dix-millionième « T » fut produite (1914), neuf voitures sur dix dans le monde entier se nommaient “Ford” !
Cette fameuse Ford T :
- Henry Ford, inspiré par les théories de Taylor, sur l’organisation du travail. Il imaginera une chaîne mobile permettant à chaque ouvrier, rivé à son poste, d’accomplir une seule tâche. La méthode est si efficace que Le temps d’assemblage, sur un tapis roulant, d’une Ford T, passe de 12 heures 30 au début à : 1 heure 30 ;
- Le prix de vente de la T, passera de 825 dollars en 1908 (15 000 € aujourd’hui), à 260 en 1927 (environ 3 300 dollars actuels). Désormais la voiture était à la portée de tous ;
- La Ford T : une légende que l’on peut résumer en chiffres : 16,5 millions d’exemplaires entre 1908 et 1927 (il faudra attendre la Coccinelle de Volkswagen pour faire mieux et les 40 millions de Toyota Corolla – 25 millions de Volkswagen Golf) ;
- Des nombreux fanatiques de « hot rods », utilisèrent largement le moteur et le châssis de la T, pour construire des engins de course bon marché ;
- La voiture peut rouler à vitesse constante sans que le conducteur n’appuie sur aucune pédale, l’accélérateur étant commandé à main droite. Il n’y a pas d’embrayage, ce qui fait de la « T » l’ancêtre des véhicules à boîte automatique.
Des aménagements des Ford T :
Selon Henry Ford : « un client peut demander cette voiture en n’importe quelle couleur, du moment que c’est noir. » En réalité cette couleur imposée, aurait simplement été choisie en raison de son prix moindre et de sa durabilité. Une autre légende, la couleur noire s’imposa en raison d’un temps de séchage plus court des peintures, autorisant ainsi une cadence de production plus élevée.
En 1911, des portes avant apparurent à la version Tourer.
La Ford T utilisa certaines technologies avancées pour l’époque, comme des aciers au vanadium. Sa durée de vie est exceptionnelle : bon nombre d’exemplaires roulent encore. Leurs côtes d’achats aujourd’hui, (à restaurer) tournent autour des 10 à 20 000 euros.
Ford traquait le moindre centime pour réduire les coûts et optimiser les rentrées. Ainsi, les chutes de bois provenant de l’assemblage de la Model T étaient recyclées en… charbon de bois, via une usine appartenant à Ford !
Conduire une T :
La voiture initialement conçue pour se conduire sur-le-champ par n’importe qui, sans aucune formation. Elle se pilotait au moyen de trois pédales :
- La marche avant ;
- La marche arrière ;
- Le freinage.
La boîte de vitesses automatique ne demandait aucun levier de commande, donc, pas besoin de débrayer pour passer les vitesses.
L’administration américaine créera même un permis spécial, plus simple, pour conduire cette T.
Le moteur se démarrait à la manivelle. Il comportait une culasse détachable moulée d’une seule pièce, ce qui permettait des réparations faciles et rapides. Le régime du moteur tournait à 1 500 – 1 800 tours/minute au maximum).
Les roues très hautes et très éloignées les unes des autres la dotent d’une excellente stabilité, la Ford T deviendra vite surnommée « l’araignée ».
Ford songea aux paysans de l’Ouest qui pourraient adapter la voiture à la circulation sur voies ferrées. Une suspension très souple avec une garde au sol très importante, permettra à la Ford T de circuler sur tous les chemins.
La Ford T en course :
Un Français, Charles Montier (concessionnaire Ford) en fit une bête de course que tous les pilotes chevronnés de l’époque rêveront de conduire.
Le châssis surbaissé de 17 cm. La complexité de la modification de la partie arrière fera l’objet d’un brevet. Côté mécanique, une culasse à soupapes en têtes de grand diamètre commandées par culbuteurs est dessinée par Charles Montier. Pourvue d’un carburateur Solex horizontal et d’un système d’échappement à admission spéciale. Un arbre à cames à grande levée de soupapes et des pistons en aluminium complèteront la modification du moteur.
Toutes ces transformations, intégrées, amèneront la T Montier en 1923 sur la ligne du départ des premières 24 Heures du Mans. Charles Montier y participera trois fois sans toutefois réussir à remporter l’épreuve.
La Montier “Spéciale”, en 1926, était dotée d’un moteur de 90CV permettant une vitesse de pointe de 170 km/h.
Conclusion :
La Ford T constitue bien la voiture universelle*. En 1923, au Japon un tremblement de terre coupa une ligne de chemin de fer, le Gouvernement acheta 1 000 Ford T pour transporter les voyageurs. En échange, Ford sera autorisé à construire une usine au Japon (le premier étranger!) et profita d’un quasi-monopole jusque dans les années trente !
Laurence d’Arabie abandonna ses chameaux pour des Ford T afin de transporter ses troupes, à travers les déserts (épisode qu’on ne retrouve pas dans le film).
La “T” permit à tout le monde de faire presque tout avec leur voiture. Elle sera déclarée : “voiture la plus importante du XXe siècle”, au terme d’un sondage international.