Le rétrofit consiste à changer des éléments d’une voiture ancienne par des équipements plus modernes. Ou moins polluants par exemple : remplacer un moteur thermique par un moteur électrique.
Pourquoi le #rétrofit ?
Aujourd’hui, la succession de décisions politiques vient accélérer des effets disruptifs dans le secteur de l’automobile. Depuis plus d’un an les annonces visant à tourner la page du moteur thermique se multiplient :
- Les grandes villes comme Paris annoncent vouloir interdire tout véhicule à moteur thermique d’ici 2030 (le diesel en 2025). Cela posera un sérieux problème lors des livraisons « dernier kilomètre » pour tous ceux qui ne possèdent pas les ressources nécessaires pour s’équiper de neuf ;
- Le Royaume-Uni et la France interdiront la vente de ces véhicules en 2040…
Afin de respecter des objectifs de production automobile plus écologiques, imposés par les exécutifs aux constructeurs, via la perspective d’énorme amendes financières.
Au sujet du type de voitures électriques, on peut craindre que ces « interdictions » du thermique se reportent aussi à l’avenir sur les voitures hybrides ! Considérant qu’elles possèdent elles aussi, une partie de leur motricité grâce à un moteur thermique (On n’est pas à l’abri d’un paradoxe de plus).
Bref, Haro sur le baudet ! Haro sur les moteurs thermiques ! Tous aux voitures électriques !
Le rétrofit :
Mais parmi les solutions possibles : le rétrofit qui consiste à remplacer un moteur thermique, à essence ou diesel, par un moteur électrique à batteries ou à hydrogène (pile à combustible). Sans devoir acheter une nouvelle voiture (100 % électrique ou hybride).
Le rétrofit, est autorisé par la loi depuis le 3 avril 2020. Il s’avère possible désormais légal en France, comme dans d’autres pays européens, de transformer sa voiture sans l’accord préalable du constructeur. Le rétrofit peut même bénéficier de la prime à la conversion pour un montant de 2 500 € ou 5 000 € en fonction de certaines conditions …
Toutefois, la conversion en électrique doit se réaliser obligatoirement par des professionnels établis en France et habilités par les fabricants de kits rétrofit.
Le bilan carborne chiffré du rétrofit :
Le cabinet de conseil GreenFlex (filiale de Total) a présenté, le 24 septembre 2020, les conclusions d’un rapport sur le bilan carbone d’une Mini thermique transformée en rétrofit.
Ce rapport a comparé :
- le cycle de vie d’une ancienne Mini thermique reconvertie à l’électrique par la solution de Ian Motion. (NB : Les émissions liées à la construction de la Mini n’ont pas été prises en compte, puisque le véhicule existe déjà et qu’il ira à la casse).
- et celui d’un modèle électrique neuf, à la batterie équivalente, en termes d’émissions de GES.
Selon GreenFlex : « ont été intégrés au calcul les rejets carbonés dus à l’approvisionnement de tous les intrants (véhicule neuf / kit de conversion), à l’assemblage, à la distribution jusqu’au client. À l’utilisation sur 80.000 km des 2 VE, selon un mix électrique moyen correspondant : (1/3 Français, 1/3 Royaume-Uni, 1/3 Allemagne). À la fin de vie des 2 voitures en comprenant les composants retirés et ajoutés lors de la conversion ».
Au final, les conclusions du rapport s’avèrent sans appel : le rétrofit présente un bilan carbone réduit de 38% par rapport au véhicule électrique neuf,soit 4 tonnes de CO2 évitées par la conversion.
Le rétrofit réduit l’empreinte carbone :
En prolongeant la vie du véhicule, il s’agit également de faire face à l’obsolescence programmée en favorisant le recyclage et en limitant l’impact environnemental.
Cela représente aussi une véritable économie circulaire :
- en diminuant la consommation de matières premières et en prolongeant la durée de vie de véhicules voués à disparaître.
- utiliser des batteries de deuxième vie pour le rétrofit CARWATT . Ce qui permet de diminuer l’empreinte carbone des batteries lithium et de multiplier par trois leur production d’énergie sur leur durée de vie augmentée.
Ainsi se confirme (même dans l’automobile) la forte tendance actuelle du recyclage (voire le la reconversion) de nos objets courants.
Comment transformer une 2CV en voiture de loisirs idéale ?
La 2CV Citroën (un véritable mécano sur roue) conserve en stock la totalité des pièces détachées nécessaires pour remplacer tout ce qui serait en mauvais état. (Même le châssis). Nombre de ses pièces de rechange se fabriquent encore.
Les prestataires capables de mener à bien de telles « rétrofit » restent nombreux dans toute la France (et ils le seront de plus en plus). Pour Info, je vous donne les coordonnées d’un d’entre eux :
2CV MEHARI CLUB CASSIS : 04 42 01 07 68 – Mail : R-FIT@mehariclub.com
Autre vertu confirmée du rétrofit : l’emploi
- Un potentiel en termes d’emplois générés en France.
- L’entreprise REV Retrofuture estime par exemple que 1 000 emplois pourraient se développer en France au cours des trois prochaines années par le rétrofit, à une période où l’on est plutôt inquiet sur le devenir des emplois dans l’entretien des nouvelles voitures électriques, venant prendre la place des moteurs thermiques (pièces et mains d’oeuvres).
Nostalgie :
Autre avantage (sentimentalement très important pour quelques passionnés) : LE RÊVE AUTOMOBILE. Nous avons presque tous été marqués dans notre vie d’automobiliste par un modèle d’antan bien particulier :
- soit que l’on a possédé dans nos premières années de jeune conducteur ;
- soit que l’on aurait souhaité acquérir, si on avait eu les moyens financiers nécessaires, lors de nos vingt ans.
La nostalgie chez les constructeurs :
Sûrement, en panne d’idées pour renouveler rapidement toutes leurs gammes, les constructeurs ont actuellement un petit coup de blues, et nous jouent le coup du « vous avez aimé, alors revenez-y ! » . Et ils nous ressortent une R5 et une 4L électrifiées, mais cela marchera qu’une seule fois !
Dans les zones ZFE :
Une ZFE (zone à faibles émissions), ex ZCR (zone à circulation restreinte), représente une restriction d’accès et de circulation mise en place par les collectivités. L’objectif est d’améliorer la qualité de l’air sur leur territoire comme Paris, le Grand Paris, Grenoble ou encore Strasbourg.
Le principe de ZFE qui repose sur le système de vignette Crit’Air, impose aux véhicules polluants de ne pas circuler dans ces zones.
Le rétrofit est, par ailleurs, une solution possible et économiquement très rentable pour tous les véhicules qui seront interdits de déplacement dans les ZFE dès 2024, en particulier dans les zones de livraisons « dernier kilomètre ». Et pour certains avec des difficultés financières pour s’équiper d’un véhicule électrique neuf, pour livrer… des burgers.
D’autre part, l’association AIRe, (à l’origine de l’arrêté ministériel autorisant le rétrofit en France publié en mars 2020), poursuit ses efforts pour la reconnaissance du rétrofit par la filière automobile. Elle a obtenu l’entrée des véhicules rétrofités dans les plans de soutien à la transition énergétique : accès aux primes à la conversion comme pour les véhicules électriques, bonus et aides régionales ou départementales.
Rétrofit et les transports en commun :
En 2010, le parc d’autobus et d’autocars était d’environ 90 000 véhicules. En 2017, il était d’environ 100 000 véhicules (67 000 autocars et 27 000 autobus en 2016, le parc d’autobus, il se composait principalement à 70 % de bus standards (12 m de long), à 20 % de bus articulés (18 m de long), et à 10 % de bus plus petits.
La transformation des bus en rétrofit s’avère très « intéressante ». Plus le véhicule est gros, plus elle s’avère rentable. L’impact serait de – 87 % d’émission de CO2 par rapport au scénario de conservation du véhicule diesel et de – 37 % par rapport au scénario d’achat d’un véhicule électrique neuf :
- Économiquement, la transformation thermique/électrique d’un bus revient à environ 200 000 €, alors que l’achat d’un bus électrique neuf coûte plus de 500 000 €.
- Le changement de motorisation prend environ trois semaines. Combien de temps faudra-t-il pour transformer tous les bus de Paris ?
- Il serait judicieux d’utiliser les mécaniciens des compagnies de bus (RATP) dont les emplois sont sérieusement menacés pour constituer une vraie filière de transformation technique.
- L’énergie électrique par rapport à la consommation de fuel permettrait une économie de 50 %. Et qui sait une diminution des coûts de transport pour les utilisateurs ?
- Il importe à l’État et aux collectivités de prendre pleinement leur part de cette transformation énergétique, sans compter uniquement sur les particuliers.
En bref, le rétrofit s’avère revenir globalement moins cher d’environ 50 %. Il affiche un coût énergétique et environnemental moins lourd que la production d’un véhicule neuf. Sans compter sur des bus qui gardent mieux leur valeur sur le marché de l’occasion … pour un bien meilleur confort des voyageurs.
Et l’hydrogène ?
Un projet de rétrofit d’un autocar diesel en autocar fonctionnant à l’hydrogène a été lancé en Normandie. Les partenaires ont présenté le projet Normandy Hydrogen Rétrofit aux élus de la Région Normandie. Le coût du rétrofit de cet autocar devrait être de 350 000 €.
La région Occitanie a également lancé un projet similaire de rétrofit. Quinze autocars interurbains diesel du constructeur Mercedes devraient être transformeésen véhicules fonctionnant à l’hydrogène par la société albigeoise Safra.
Les inconvénients du rétrofit :
Si les avantages occasionnés par un rétrofit sont évidents et bien définis. les inconvénients s’avèrent plus délicats à fixer :
- En dehors de l’autonomie qui elle se situe bien en retrait du modèle avant modification, voire même du modèle équivalent, électrique et neuf, quand il existe : à cause des batteries utilisées ;
- Le prix de transformation annoncé peut au final réserver des surprises ;
- Le statut fiscal d’une « rétrofitée » peut devenir rapidement moins intéressant ;
- Un véhicule transformé reste âgé avec un certain kilométrage et des équipements restants en place, « ayant déjà bien roulés » ;
- Les transformateurs ne bénéficient pas toujours des compétences nécessaires face à cette nouvelle stratégie, ce nouveau métier.
Il est donc prudent de bien réfléchir voire d’attendre avant de se lancer.
One Reply to “Le rétrofit : une solution automobile superécologique !”
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L’Ademe note cependant un besoin d’ouvrir plus clairement le rétrofit, aux flottes des entreprises et des collectivités le cadre législatif. Elle espère également une révision de certains points de l’arrêté du 13 mars 2020 afin de réduire les coûts d’homologation. (qui se fait pour un modèle précis et non pas encore pour toutes les versions différents du modèle).
Pout la création « d’une filière industrielle du rétrofit robuste par la mise en réseau des acteurs ». Il faudrait sensibiliser les clients, y compris les automobilistes particuliers, aux bénéfices environnementaux de la conversion électrique. Pour faire décoller la filière. Ils estiment que 3% du parc automobile français pourrait être retrofité dans les 10 ans, créant au passage 42 000 emplois pour un marché estimé à 24 milliards d’euros.