Usine Renault de Billancourt

Renault : des pages de l’Histoire de France (H5)

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Dés la fin du XIXe siècle Renault va s’introduire dans les pantoufles de notre Histoire de France. Sans que l’on sache lequel s’identifie à l’autre. 

Les débuts de Renault :

Ils commencent en 1898, par la création d’une entreprise familiale appelée « Renault frères ». Qui deviendra ensuite, la Société des Automobiles Renault, à partir de 1908.

En 1922, Louis Renault transforme l’entreprise en une affaire personnelle via la Société Anonyme des Usines Renault.

En 1944, les usines sont réquisitionnées par le Gouvernement provisoire de la République française. Qui créée en 45 la Régie Nationale des Usines Renault (RNUR) par une ordonnance de nationalisation.

Renault est l’une des premières usines en France à expérimenter l’organisation scientifique du travail dès 1909. Avec la rénovation de l’outillage et le chronométrage du temps de travail. Cette dernière mesure mise en œuvre, sera à l’origine de mouvements de grèves qui commenceront fin 1912 et se poursuivront en 1913.

Afin de répondre à une forte hausse de la production, Renault devra mettre en place dès 1917 le travail à la chaine.

L’épisode glorieux des “taxis de la Marne” :

En septembre 1914, devant l’avancée des troupes allemandes, venant de Belgique. Joffre décide de défendre Paris en regroupant des troupes épuisées sur les bords de la Marne. Le général Galliéni (défenseur de Paris) réquisitionne les fameux « taxis de la Marne » (600 taxis dont majoritairement d’origine Renault). Afin de transporter 6 000 hommes de Paris à Nanteuil, sur la rive droite de la Marne. Afin d’arrêter l’avancée des troupes allemandes et ainsi sauver Paris.

NB : Les taxis de Paris ont été remboursés pour une « course » de 70 000 Francs or.

Renault après la guerre :

En août 1944, les usines sont libérées et réquisitionnées. 

Louis Renault sera accusé de collaboration et incarcéré à la prison de Fresnes ou il décèdera avant la tenue de son procès. D’après l’historien Alain Decaux, une autopsie aurait révélé que sa nuque aurait été brisée ! (peut-être a-t-on voulu éviter un vrai procès).

Plusieurs cadres de l’entreprise se virent « limogés » par les ouvriers eux-mêmes. Ils n’estimaient pas légitime d’avoir des supérieurs qui auraient été des collaborateurs avec l’Allemagne. Pour tous les constructeurs automobiles, il était difficile de ne pas “collaborer” avec les forces d’Occupation.

Un nouveau management :

Le 10 novembre 1944, sur l’esplanade de l’île Seguin, Pierre Lefaucheux, (administrateur provisoire des usines Renault), harangue les ouvriers de Renault :

  • Il souhaite faire participer le personnel ;
  • Améliorer ses conditions d’existence ;
  • À établir un nouveau climat social via une quasi-garantie de l’emploi ;
  • Il s’appuie sur le Comité central d’entreprise (CCE), qui gère les cantines, les distributions alimentaires, les aides au logement, les loisirs ;
  • Il désire renforcer les conditions d’hygiène et de travail.

Les syndicats chez Renault :

Depuis la Libération, la CGT, avec 91 % des suffrages ouvriers aux élections professionnelles de 1946, détient sans partage le pouvoir syndical à Billancourt.

La nomination, le 1 er février 1945, à la direction du personnel, du syndicaliste Edmond Le Garrec. Avec Lefaucheux, ils vont définir ensemble : « un compromis entre la hausse des salaires et l’impérieuse nécessité de baisser les prix de revient ».

On était alors en pleine production en masse de la 4 CV. À l’aube des « Trente glorieuses ».

La grève de 1968 et ses conséquences :

Une grève historique constituera la suite logique d’une montée des luttes sans précédent en 1967.

La grève générale de toute la France de 1968 commence le 15 mai aux usines Cléon puis le 16 mai à Billancourt. Renault est alors occupé par ses ouvriers dont de nombreux OS immigrés. La lutte dépasse le cadre strictement économique : on parle alors de « gouvernement populaire » et « d’autogestion ».

À Billancourt, malgré des tentatives de débordement par des militants d’extrême gauche, la CGT parvient à mener la grève pendant un mois (33 jours, 34 nuits) en évitant les multiples provocations et dans la « dignité ». Les militants CGT. Qui animent cette grève sont pour la plupart des ouvriers qualifiés. Issus de l’école d’apprentissage de la Régie Renault d’après-guerre et politiquement proches ou membres du PCF.

La privatisation :

Elle se réalisera en plusieurs étapes. En 1990, la RNUR devient une société anonyme. La Régie Nationale des Usines Renault permettant par la même occasion à Volvo d’acquérir 20 % du capital de l’entreprise.

En fait :

  • 1994 : privatisation partielle de Renault le 17 octobre (l’État reste majoritaire à près de 53%) ;
  • 1995 : modification des statuts en vue d’une privatisation ;
  • 1996 : l’État devient minoritaire avec la vente de 6% du capital.

Un laboratoire « social » national ?

La Régie Renault se situera souvent à la pointe du progrès social en France, tel un laboratoire social :

Par exemple en 1955 un accord d’une portée nationale, fait suite à une série de manifestations violentes des métallurgistes à Nantes et à Saint-Nazaire. Paradoxalement, les usines Renault connaissaient peu de mouvements. Même si des actions avaient eu lieu contre les cadences élevées, le chronométrage, et aussi en faveur du respect des règles d’hygiène et de sécurité.

Cet accord instaure plusieurs avancées sociales majeures :

  • Une troisième semaine de congés payés, (la 4ème semaine en 1962) ;
  • L’augmentation et la garantie des salaires ;
  • Le versement dès le huitième jour, et durant deux mois d’une indemnité journalière aux malades ou aux accidentés s’ajoutant aux prestations sociales ;
  • Le paiement des jours fériés ;
  • L’instauration d’une retraite complémentaire ;
  • Une augmentation garantie du pouvoir d’achat de 4 % pendant deux ans.

À la reprise du travail en 1968 :

  • Des augmentations salariales ;
  • La réduction d’une heure de la semaine de travail passant de 45 à 44 heures
  • Les droits syndicaux conquis en 1968 et dans les années suivantes seront importants et resteront une référence pour tout le mouvement social.

Puis des « contrats de progrès » s’ajoutent à partir de 1969 et l’adoption de la loi du 30 juin 1971 sur les conventions collectives.

Un accord qui confirme l’engagement du groupe pour le respect des droits sociaux fondamentaux et intègre dès à présent la convention adoptée cette année par l’OIT [Organisation internationale du travail] pour combattre la violence et le harcèlement au travail ».

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