Propos de Denis Gentile en 2019 sur : La liberté offerte par la voiture est-elle encore d’actualité ? Et sur une question : le simple usage d’une voiture va-t-il remplacer sa possession ?
La liberté
« La #liberté se mange et se digère comme si c’était un sandwich. Mais pour manger ce sandwich, il a fallu de la farine et de l’eau pour le pain, et pour le garnir : de la mozzarella ou du brie, du jambon cuit ou cru, des tomates, de la laitue, des cornichons et du beurre. Garé en double file, un camion a livré à la boulangerie du quartier des sacs de farine en début de semaine. Les autres ingrédients sont arrivés d’Italie, d’Occitanie, de Normandie ou d’Asie. Il a fallu les transporter en camion, en avion et par bateau. Notre liberté de manger ce sandwich dépend des moyens de transport disponibles ! » (Denis Gentile) :
Un taxi (outil de liberté) à la sortie de la caverne
Je, (DG), vous invite à faire un grand bond en arrière, même s’il sera bref, dans la caverne de Platon. Et je me pose, de façon totalement hérétique et anachronique, ces questions : Platon aurait-il pu écrire cette allégorie aujourd’hui ? Aurait-il pu occulter cet objet qui a littéralement transformé notre façon de vivre ?
À la sortie de la caverne-prison, libéré de ses chaînes, le prisonnier éprouve des difficultés à marcher et est aveuglé par la lumière, alors il finit par retourner dans la caverne, la seule réalité qu’il connaît. Croyez-vous vraiment qu’il aurait fait la même chose si un taxi avait pu l’attendre à sa sortie ? Certainement pas ! Au contraire, il en aurait profité pour s’évader de cette fatalité et aller le plus loin possible de ce lieu. Soumis aux contraintes de son statut de prisonnier depuis sa naissance, il aurait immédiatement saisi le concept de liberté et donc saisi sa chance.
Une liberté rendue possible par l’usage de la voiture.
J’insiste sur le mot « usage », car le prisonnier ne peut évidemment pas en être le propriétaire. Il ne manquait donc que l’automobile aux prisonniers de la caverne de Platon pour découvrir cette autre réalité, le monde extérieur.
Prisonniers d’une caverne digitale ?
Même le prodigieux smartphone, objet de tous nos désirs et que l’on voit comme une lampe d’Aladin moderne, n’exerce pas autant de fascination et de force. Il produit même l’effet inverse et nous enferme parfois dans une caverne digitale qui nous ramène à l’état de prisonnier.
Comment en sortir ? Il suffirait d’une voiture pour nous conduire chez un cousin, une ferme bio, une montagne, un bord de mer, un monument, un musée, une boulangerie et mille autres lieux d’émerveillements et de rencontres.
Jamais la voiture n’aurait pu transformer notre Terre de cette façon, si elle n’avait été le symbole d’une grande liberté, l’instrument même qui rend cette liberté possible, jusqu’à en devenir son synonyme.
Le trop de voitures a tué la liberté
La voiture reste un cocon où, l’on peut encore fumer, s’énerver, insulter ses concitoyens, – « espèce de gros c** » – chanter très fort, ne pas porter de masque Covid 19, et d’autres activités « si « affinité » ! Certains chassés de leur logement y trouvent un dernier refuge, pour y dormir, pour y vivre plus tranquillement. Les années 1960 ont vu émerger les road trips, et leur imaginaire désormais ancré dans l’inconscient collectif. Le rêve, l’évasion… La Route 66 aux États-Unis, entre autres, a été largement utilisée au cinéma, en musique ou en littérature, comme un symbole de liberté. En France, la route des vacances fut glorifiée par Charles Trénet : « L’amour joyeux est là qui fait risette, on est heureux Nationale 7… ».
Mais trop de liberté tue la liberté.
Capot contre capot, on devient à nouveau des prisonniers. Platon lui-même toujours dans « La République » (dont est aussi extrait l’Allégorie de la Caverne) affirmait :
« L’excès de liberté ne peut tourner qu’en excès de servitude pour un particulier aussi bien que pour un état. »
Ce n’est donc pas la voiture qu’il aurait fallu combattre, mais ses excès :
- Les excès qui ont déformé les plus beaux paysages de notre planète,
- L’excès qui a asphyxié l’air pur de nos vallées,
- L’excès qui a rendu sourdes nos oreilles dans les centres-villes.
« Ces excès, nous voulons les combattre, non pas en supprimant la prétendue cause. Ce serait se comporter comme le détective inexpérimenté qui désigne le coupable à la vue des premiers indices. Non, nous devons mener une vraie réflexion et au fur et à mesure de l’avancée du projet, proposer des solutions solides. On comprend mieux l’importance de l’usage. Un usage qu’il faut rendre vertueux pour retrouver cette liberté chérie ». (DG)
Liberté et autonomie
Si la voiture est avant tout considérée comme un moyen de transport. Elle demeure pour 1 Français sur 3 un facteur de liberté et d’autonomie. Un chiffre qui prouve combien les Français restent attachés à leur voiture et à leur liberté de déplacement. Car même si la voiture se voit perçue de plus en plus comme un objet de commodité :
(38% en 2020 versus 35% en 2019). Les restrictions de circulation pendant la crise sanitaire ont conforté la notion de liberté associée à la voiture (33% en 2020 versus 30% en 2019).
La liberté de se déplacer :
Cette liberté de se déplacer via les grands espaces offerts par sa voiture s’est considérablement estompée par les nouvelles contraintes…et les encombrements en ville ou sur les routes des vacances. Pourtant la notion de liberté procurée par la voiture individuelle arrive encore aujourd’hui en tête dans l’esprit des consommateurs (52 % en moyenne pour huit pays Européens), suivie par le gain de temps (49 %) et les coûts (45 %) :
- Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à associer liberté et indépendance à leur automobile.
- Pour les plus jeunes, les voitures, et surtout en ville, sont en train de devenir un élément compliquant inutilement leur vie « digitale ». Il faudra vraisemblablement attendre l’arrivée des voitures autonomes, sans la charge de la conduite, qui leur permettra d’aller d’un point A à un point B. En restant connecté avec leur univers numérique.
- Pour les plus âgés, conduire a toujours été synonyme de liberté individuelle, celle d’aller où on veut, quand on veut. Et c’est toujours la démonstration qu’on reste encore autonome.
Propos de : Loïk Le Floch Prigent :
« On peut comprendre que celle-ci (la liberté de mouvement) doive être modérée par les nécessités de la vie en société, mais que les dirigeants n’aient à l’esprit que de l’entraver et la punir, qu’ils veuillent non seulement guider leurs choix mais les ordonner est incontestablement liberticide et le symbole de régimes voulant pratiquer une autorité sur des sujets dont ils peuvent imaginer garder le contrôle alors qu’ils l’ont perdu pour de plus importants. Quel paradoxe ! S’occuper de façon prioritaire des automobilistes, alors que le fameux vivre ensemble n’est plus qu’une illusion et qu’ils ne savent plus comment y revenir ! »
La voiture reste un cocon
Où, l’on peut encore fumer, s’énerver, insulter ses concitoyens, – « espèce de gros c** » – chanter très fort, ne pas porter de masque Covid 19, et d’autres activités « si « affinité » ! Certains chassés de leur logement y trouvent un dernier refuge, pour y dormir, pour y vivre plus tranquillement. Les années 1960 ont vu émerger les road trips, et leur imaginaire désormais ancré dans l’inconscient collectif. Le rêve, l’évasion… La Route 66 aux États-Unis, entre autres, a été largement utilisée au cinéma, en musique ou en littérature, comme un symbole de liberté.
L’automobile et la liberté :
Le domaine de l’automobile s’avère l’un des plus réglementés et des plus contraignants. Nous savons depuis longtemps que « notre liberté se termine là où commence celle des autres ».
Les poumons des citadins n’ont plus la liberté de respirer un air de qualité. Donc on veut, pour notre bien collectif, restreindre le trafic routier, en ville. Cela ne doit pas signifier : restreindre notre usage de la voiture.
Il faut absolument conserver intacte la voiture doit pouvoir rester un refuge possible devant les « agressions » possibles du monde moderne. Passionnés de la « bagnole », et simples usagers, nous vous conjurons de veiller à ce que l’on puisse en conserver l’usage, même quand il sera devenu difficile de la posséder soi-même.
Professionnels
Ne sciez pas la branche sur laquelle vous êtes assis. Accepter le changement vers simplement l’usage. Même si vous pensez, apriori, que ces mutations risquent, dans un premier temps, de bouleverser vos habitudes, voire vos revenus – « Faites la part du feu » : accompagnez le changement, afin de faire perdurer l’usage de la voiture particulière, au plus grand nombre. Il en va aussi de la survie de votre business !
La voiture-liberté et les jeunes :
Les jeunes des générations Y et Z (l’avenir des automobilistes), ceux nés : pour la génération Y, entre 1980 et 2000. La génération Z, à partir de l’an 2000. Ils se demandent de plus en plus, s’ils ont toujours besoin ou non d’acquérir un véhicule. En effet ces générations considèrent la voiture plutôt comme une entrave à leur liberté digitale.
Facilitons leur l’accès à l’apprentissage de la conduite via l’Éducation Nationale par exemple, mais aussi directement par des concessionnaires, via des « ateliers de conduite » ou des simulateurs de conduite dans leurs showrooms… En y faisant venir des classes et leurs enseignants. À ces jeunes, il leur faudra vraisemblablement l’arrivée des voitures autonomes, sans la charge de la conduite du véhicule, ce qui leur permettraient d’aller d’un point A à un point B, tout en restant connecté avec leur communauté numérique.
L’avenir de cette liberté d’usage :
Les jeunes des générations Y et Z (l’avenir des automobilistes), ceux nés : pour la génération Y, entre 1980 et 2000. La génération Z, à partir de l’an 2000. Ils se demandent de plus en plus, s’ils ont toujours besoin ou non d’acquérir un véhicule.
En effet ces générations considèrent la voiture plutôt comme une entrave à leur liberté digitale.
Facilitons leur l’accès à l’apprentissage de la conduite via l’Éducation Nationale par exemple, mais aussi directement par des concessionnaires, via des « ateliers de conduite » ou des simulateurs de conduite dans leurs showrooms…en y faisant venir des classes et leurs enseignants.
À ces jeunes, il leur faudra vraisemblablement l’arrivée des voitures autonomes, sans la charge de la conduite du véhicule, ce qui leur permettraient d’aller d’un point A à un point B. En restant connecté avec leur communauté numérique.
Libres propos exhumés d’une data tel un archéologue dans les couches d’une ancienne civilisation (Guy Couturier, explorateur d’idées)