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L’usage prime sur la possession

En Cadillac à Cannes

En Cadillac à Cannes direction la Corniche d'Or - Photo Denis Gentile

Cet article de Denis Gentile (philosophe, poète et storyteller) sur l’usage constitue un « acte fondateur » d’un nouveau mode de consommation, d’une nouvelle philosophie.

Ce n’est pas un nom, c’est une sculpture raffinée qui lui suggère immanquablement l’enchantement. Ce n’est pas un nom, c’est une longue mélodie qui l’accompagne doucement dans ses rêves. Bien sûr, il faut faire un effort pour le prononcer. On ne peut pas se contenter de le décomposer sur un rythme saccadé, vil et maladroit. Carla le sait et elle a appris au fil des années à donner sa juste mesure à ce nom prédestiné. Pininfarina, Pininfarina, Pininfarina.

On aime ce que l’on ne possède pas

Carla est étudiante en philosophie à la Sorbonne. Elle aime se plonger dans les textes de Platon et voue une grande admiration à Socrate. Elle a deux autres grandes passions qui semblent distantes l’une de l’autre : la Renaissance et les voitures.

Les philosophes de la Grèce antique regardaient le ciel et s’émerveillaient devant la beauté naturelle du monde. Elle, philosophe en herbe, s’émerveille devant un autre genre de beauté, les automobiles nées de la main de Battista Pininfarina, puis de son fils Sergio. Ce sont les Michel-Ange et Raphaël du XXe siècle.

Elle a bien conscience que jamais elle ne possédera l’une de ces merveilles. D’ailleurs, pourrait-on envisager ne serait qu’un seul instant de posséder le « David » de Michel-Ange ou « La Dame à la Licorne » de Raphaël ? L’idée est absurde. Qu’est-ce que cela nous apporterait d’avoir de telles œuvres dans notre salon ? Est – ce que cela nous rendrait plus heureux ? Évidemment non. 

Bien sûr, c’est aussi une question d’argent, mais ce n’est pas là l’essentiel. Elle se dit surtout, à la suite de Platon, que l’on aime ce que l’on ne possède pas.

Autant qu’elle soit belle

Socrate a révolutionné la philosophie, Michel-Ange a révolutionné l’art, Pininfarina a révolutionné le dessin automobile. Carla est cohérente dans sa démarche et elle veut vivre dans son époque ce que les plus grands ont vécu pendant leur existence. Quel meilleur choix que l’automobile ? Objet symbole du XXe siècle et adulé par des générations. Architectes, ingénieurs et politiques ont réinventé le monde pour lui faciliter la vie. 

Dans ses vers Baudelaire disait que l’homme passe dans la nature « à travers des forêts de symboles qui l’observent avec des regards familiers. »  Aujourd’hui, ce n’est plus l’homme qui passe et qui est l’objet du regard, le protagoniste a changé. On ne vit plus dans le monde des humains, on vit dans le monde de ces machines à 4 roues. Les villes, les campagnes et même les montagnes leur appartiennent. Mal ou bien ? On y reviendra. 

Alors, pense Carla, si l’automobile est devenue omniprésente, autant qu’elle soit belle. En ce sens, les Pininfarina sont des bienfaiteurs.

Va-t-on basculer dans une époque où l’homme aura l’usage de la voiture sans jamais l’acquérir? C’est probable. Et l’argument central de ce changement de mentalité, aussi étrange que cela puisse paraître, c’est la beauté!

La beauté des voitures de sport comme les mythiques Ferrari 275 GTB ou Testarossa, la beauté des élégantes Lancia Aurelia ou les Alfa Romeo Giuletta Spider et Duetto, la beauté classique de la Peugeot 403.

Car la beauté est multiple, elle prend les formes les plus diverses.

Comment naît le désir ?

Ces voitures, dans un futur proche, Carla pourra enfin les conduire, car il ne sera plus nécessaire de les acheter, mais juste de les emprunter. Cela serait comme si on s’embarquait dans Space Mountain à Disneyland. L’attraction ne nous appartient pas, mais on peut en profiter autant que l’on veut.

Quand on y réfléchit bien, très peu de choses nous appartiennent. Il y a quelques secteurs qui résistent encore comme l’immobilier, l’ameublement et bien sûr, l’automobile.

Les constructeurs automobiles eux-mêmes pourront se concentrer pour concevoir des automobiles plus belles les unes que les autres. Car la prérogative ne sera plus le prix d’achat inaccessible au commun des mortels, mais ce sera l’émerveillement qui plongera le conducteur à s’installer à son volant pour un week-end ou une période plus longue.

Nos routes seront enfin débarrassées des monstres métalliques produits uniquement pour être vendus au plus grand nombre. Les successeurs de Pininfarina auront carte blanche pour imaginer des voitures extraordinaires, extraordinairement belles.

Carla est tellement convaincue de ce futur qu’elle a décidé d’en faire sa thèse de doctorat. Pour un néophyte qui éprouve de la répulsion à l’égard de la philosophie, cela peut sembler étrange. On est loin de l’entendement et de la critique de la raison pure, du « cogito ergo sum », de la dialectique hégélienne, de l’emprise et du rationalisme, j’en passe et des meilleurs !

La philosophie de l’usage

La philosophie ne se concentre pas dans une bouteille de whisky, dont une simple gorgée peut résulter imbuvable, mais elle ressemble plutôt à une boisson légère et rafraîchissante qui apaise la soif après une longue promenade en ville, le long de la mer ou en randonnée. Elle pose le plus souvent des questions simples qui éveillent notre curiosité et nous donnent envie d’avancer. Son cœur et ses poumons, c’est tout simplement la beauté.

L’économie doit changer son fusil d’épaule et ne plus viser le seul profit. Le profit viendra comme une conséquence. La question que l’on devrait se poser est « comment naît le désir? » Puis, comment rendre ce désir accessible à tous? C’est le point de départ des travaux de Carla. Mais elle ne va pas s’arrêter là. La suite est née d’une discussion avec Oscar, son arrière-grand-père. Elle aime entendre ses histoires. Mais pas seulement, car ses récits sont des dialogues. Il cherche à attirer l’attention de son arrière-petite-fille en lui donnant un rôle dans ses évocations du passé. Il lui pose des questions, il lui demande des précisions sur l’évolution des mœurs et il a cette question qui revient constamment : « Est-ce que tu crois que c’est encore possible aujourd’hui? » Papy Oscar invite Carla dans ses discours. Il faut croire que cette dialectique est bénéfique, car il aura bientôt cent ans et encore toute sa tête, loin des tracas d’Alois. 

Le Corniaud

Il a commencé à lui raconter ses étés sur la Corniche d’Or entre Cannes et Saint-Raphaël. C’est là qu’il a rencontré Louis de Funès, il y a « plus de 50 ans de cela » sur le tournage du Corniaud. D’ailleurs, et c’est la raison pour laquelle il lui raconte cette anecdote, la protagoniste de ce film est une Cadillac décapotable. Sans cette voiture, point d’histoire. Cette route entre la mer Méditerranée et le massif de l’Estérel est magnifique. « Enfin, lui dit-il, ce n’est pas la route en elle-même qui est magnifique, c’est le panorama qu’elle propose. » Voici ce que Carla a écrit dans sa thèse :

« La beauté n’appartient pas seulement à l’objet en lui-même, en l’occurrence l’automobile. La beauté, c’est aussi la découverte d’un autre monde, d’un autre horizon qui serait inaccessible et invisible pour les hommes, si la voiture n’existait pas et si on n’avait pas construit des routes. »

l’usage de La Corniche d’Or

Elle évoque la prodigieuse demeure de Pierre Cardin, le Palais Bulles, sur les hauteurs de Théoule-sur-Mer. L’homme est capable de réaliser des choses hors-norme et d’une beauté à couper le souffle. En même temps, en contrebas, sur les rochers, elle observait la mer polluée par des bouteilles en plastique, signe de l’irrespect des hommes envers la nature.

La voiture nous rend libres

La beauté, c’est aussi l’utilité. C’est la principale raison pour laquelle la voiture a eu et a encore un tel succès. Elle nous rend libres et nous permet de découvrir d’autres lieux, d’autres cultures, d’autres paysages, d’autres peuples. Sans voiture, notre rayon d’action est limité. La limite, c’est le nombre de pas que je suis capable de faire, la limite, c’est aussi ce que les compagnies aériennes, navales ou ferrées (bientôt spatiales) ont prévu pour moi. Mais contrairement ce que l’on pourrait croire, cette liberté ne dépend pas strictement de la propriété, mais de la conduite et donc du fait d’être aux commandes d’un véhicule. C’est donc l’usage qui prime sur la propriété.

La voiture est un instrument qui nous rend de multiples services : faire nos courses, visiter nos proches, voyager, etc. Son utilité est indéniable. Mais à quel prix a-t-on profité de ces avantages ? Quelles sont les conséquences sur l’environnement par exemple ? La réponse est terrible : c’est une marée noire permanente. L’exploitation du pétrole et ses rejets protéiformes saccagent sans pitié notre planète.

L’automobile évolue

Le monde de l’automobile en a finalement pris conscience et s’est engagé sur une nouvelle voie. Dans quelques années, les véhicules thermiques n’auront pas le droit de circuler. La première réponse est électrique. On peut imaginer que la seconde sera solaire. En tout cas, ce qui est certain, c’est qu’elle ne sera plus pétrolifère.

Ce bouleversement pourrait alors s’accompagner d’autres mesures, autant faire d’une pierre deux coups. Ce sont celles évoquées dans ce livre. Nous ne serons plus propriétaires de nos voitures, mais nous en aurons seulement l’usage. C’est un corollaire. 

La propriété implique la durée

GC : pas l'usage !

Être propriétaire avait un sens au début ou au milieu du XXe siècle. On s’achetait des objets pour la vie. Une machine à écrire, un buffet, une radio ou même aussi une voiture. Carla se souvient que son oncle avait gardé sa « Deudeuche » (Citroën 2CV) toute sa vie. « Nos aïeux donnaient un vrai sens à la réalité du mot propriétaire, on était propriétaire de quelque chose pour longtemps, voire pour la vie.

Pourrions-nous appliquer le même sens aujourd’hui et demain ? Ridicule, n’est-ce pas ? D’ailleurs si Molière pouvait écrire une nouvelle comédie, il se moquerait bien de ces hommes (et souvent très jeunes) qui veulent absolument être propriétaires d’un objet pour l’abandonner quelques mois plus tard pour sa nouvelle version. Le Bourgeois Gentilhomme du XXIe siècle changerait d’avis comme de chemise, ou pour être plus clair et précis, de smartphone comme de chemise ! L’expression s’adapte parfaitement au contexte.

La propriété implique la durée, si plus rien ne dure, la propriété devient obsolète. Tous les objets dépendant des évolutions technologiques frénétiques sont concernés par ce principe. Le secteur automobile ne pourra pas passer outre. C’est le sens de l’histoire.

Ne plus rien jeter à la va-vite, mais plutôt l’échanger. Cette pratique entre peu à peu dans nos mœurs et les structures s’adaptent déjà à cette nouvelle réalité. Une réalité plus propre, plus respirable, plus respectueuse, et bien sûr plus belle.

Alors qu’elle tape sa thèse sur le clavier de son MacBook Pro, l’image de sa grand-mère lui revient à l’esprit. Elle lui avait offert pour son anniversaire sa machine à écrire rouge, la mythique « Valentine ». Un modèle portable (on disait portative à l’époque) conçu sous la direction d’un fameux designer italien, Ettore Sottsass. Mais à quoi pensait-il quand avec son équipe il a conçu cette machine ?

Il explique qu’il a voulu créer une machine à écrire qui soit un objet que l’on trimballe un peu partout comme l’on porte « une veste, des chaussures, un chapeau ». 50 ans plus tard, le smartphone est devenu l’accessoire sans lequel on ne peut plus sortir de chez soi.

Démythifier

Il évoque aussi « les choses que l’on a tendance à démythifier ». À la fin des années 60, c’est le cas des costumes. On va alors de moins en moins chez le couturier et on préfère acheter ses vêtements dans des boutiques de prêt-à-porter. 

Autrement dit, il s’agit de démythifier ou si vous préférez dépasser la rengaine du « on a toujours fait comme ça! ». C’est parfois difficile, incompréhensible et même douloureux de sortir de certaines de ses habitudes. Elles créent un confort et des certitudes. Pourquoi ne devrait-on plus aller chez le cordonnier ? Ne devrait-on plus avoir des poules dans sa cour pour avoir des œufs ? Pourquoi ne devrait-on plus faire son pain ? À l’époque, on préparait son pain chez soi et on allait le cuire dans un four au centre du village. Ces fours sont devenus nos boulangeries. Mais aujourd’hui n’amenez pas votre pâte à pain à la boulangère pour la cuire, elle vous regarderait bizarrement. Pourquoi ne plus aller dans un magasin pour acheter ses meubles ? Il suffit de quelques clics pour les commander sur le web et en plus, c’est moins cher et la livraison est gratuite. Pourquoi ne pas vouloir être propriétaire d’une voiture ? La réponse est simple, parce que la société évolue en suivant les tendances dictées par la technologie et les idées de quelques visionnaires pour rendre le quotidien plus facile. Des visionnaires comme Ettore Sottsass ou Battista Pininfarina.

Ettore Sottsass va même jusqu’à remettre en question la propriété des objets :

« Nous avons conçu la Valentine en pensant à tout cela et en pensant aussi qu’un stylo, un chapeau, une veste, une portative peuvent aussi faire partie, jusqu’à un certain point, d’un type de rythme, d’un catalogue de valeurs, d’une mesure des espaces et de l’ambiance qui ne sont pas forcément ceux de la propriété, du dédain, de la continuité, de la définition et de tout ce genre de choses… » 

La portative porte en elle le concept de passer de main en main, un objet qui était encore sédentaire allait devenir nomade. Et l’automobile est par définition nomade. Elle se prête donc logiquement à passer de main en main.

C’est aussi comme si la propriété de certains objets était un frein à la créativité ambiante et qu’il fallait surtout s’attacher à faire en évoluer l’ usage :

« … mais ils (les objets) peuvent être ces ambiances elles-mêmes, les espaces, les rythmes, les dimensions et les valeurs d’une créativité incessante, d’un désaveu permanent et d’une récréation des langages, d’un déplacement des équilibres et enfin d’une sorte de jeu permanent fait de clins d’œil, de poignées de main, de partages d’idées et de propositions. »

http://www.cieloterradesign.com/valentine-sottsass-olivetti-anniversario/

La voiture ? Un bien commun !

N’oublions pas qu’il s’agit d’un désigner et que la beauté de l’objet est essentiel. D’ailleurs, on ne parlerait plus aujourd’hui de la Valentine, la machine à écrire étant devenue un objet désuet, si elle n’avait pas un aspect incomparable et captivant. Elle est d’ailleurs exposée au MoMa de New York depuis 1971.

Carla n’en démord pas, elle veut voir la beauté des choses, puis la comprendre pour finalement la préserver. Comme dans un musée, on voit la beauté d’une œuvre, on s’arrête devant pour comprendre ce qui nous plaît en elle, ce qui nous attire, ce qui provoque en nous des émotions. Mais jamais nous ne pourrons tenir ce tableau dans nos mains et nous dire qu’il est à nous. Et il n’y aurait aucun intérêt à le faire. Dans un musée, il est comme sur une scène exposé au regard de tous et il est aussi mieux conservé. C’est un bien commun dont tout le monde profite.

De l’importance des routes

Les automobiles vivent sur une autre scène : les routes. Sur la Corniche d’Or, les belles voitures défilent devant un paysage de rêve. Une osmose prend forme grâce à nos regards. Cette année, Carla voudrait la parcourir en Cadillac comme Léopold Saroya, le personnage interprété par Louis de Funès dans le Corniaud. L’année dernière, elle était au volant d’une « Deux pattes » comme son oncle. Deux expériences différentes. Deux rôles différents. Entrer dans la peau d’un autre personnage pour éduquer notre âme à voir la beauté multiple du monde. Elle cite alors la philosophe Hélène Soumet dans son livre « Platon à la plage » :

« La beauté s’étend à une multitude d’objets, l’âme aspire à découvrir les infinies beautés, âme sans cesse troublée, émerveillée par la splendeur des corps. Le désir jamais assouvi, toujours brûlant grâce aux beautés qui le subjuguent. Cet élan vers les beautés détache l’âme des singularités d’une personne et l’élève vers l’intelligible tout en restant dans le sensible. »

https://helene-soumet.fr

Des habitudes et des habitus

S’éduquer à la beauté, c’est créer une sorte d’habitude que les philosophes du Moyen-âge nommèrent « habitus », une disposition de l’âme qui nous conduit à reconnaître le beau et à le chercher continuellement. Contrairement à l’habitude qui se transforme en routine et nous enferme, cet « habitus » se transforme en désir permanent de découvrir d’autres formes de beauté.

Autrement dit, la propriété d’un objet crée des habitudes, l’usage sans la propriété sur la durée de cet objet crée des « habitus ». Le summum est d’appliquer ce raisonnement à l’automobile, qui plus est, représente l’instrument de la liberté de l’être humain.

Une expérience à 360 degrés

C’est une expérience à 360 degrés qui conjugue beauté, liberté et respect, qui concilie les évolutions de la technologie et le respect de l’environnement, qui pousse l’être humain dans ses retranchements tout en s’adaptant aux nouvelles contraintes du quotidien.

Pour lancer un nouveau modèle économique, les chiffres ne suffisent pas, il faut l’ancrer dans une vision moderne. C’est l’objet de la thèse de Carla qui vient renforcer le thème de ce livre.

Mais ce n’est pas tout. Il est incomplet de parler de la beauté sans introduire l’amour. Dans le Banquet, Platon met en scène plusieurs personnages qui parlent sous un angle propre de l’amour. Lorsque Socrate intervient, il développe l’idée qu’on est amour de ce qu’on ne possède pas. Est-ce que cela signifie qu’il faut être laid pour apprécier la beauté ? Non, le sens n’est pas celui-ci.

La possession ? Une barrière !

Lire, ce n’est pas simplement suivre le fil des mots, des phrases, des chapitres ou des citations. Lire, c’est aussi voir la mise en scène de l’auteur et les relations entre les personnages. Dans le Banquet, on observe l’intrigue qui lie Alcibiade et Socrate. Alcibiade est le plus bel homme d’Athènes, Socrate est laid. Socrate est l’homme le plus intelligent d’Athènes, Alcibiade est superficiel. Socrate est fasciné par la beauté physique d’Alcibiade, Alcibiade par l’intelligence de Socrate. Ce qui les attire l’un vers l’autre, c’est une facette différente de la beauté. L’une intérieure, l’autre extérieure. Notez bien qu’il n’y a aucune dépréciation, aucun dédain et aucun irrespect. Ils ne se rejettent pas parce que l’un serait laid et l’autre stupide. Non, c’est même le contraire. Cela montre que finalement Socrate n’est pas si moche et Alcibiade n’est pas si idiot.

C’est cela savoir éduquer son regard, c’est cela savoir aimer ce que l’on ne possède pas. C’est pour cela qu’il est bien de développer des « habitus » en multipliant des expériences différentes. Et parfois, la possession constitue une barrière que l’usage déconstruit pour ouvrir son esprit.

Philosophiquement, l’usage prime sur la propriété. Cette vision nous conduit, en voiture de préférence, vers un monde meilleur.

Carla pourra continuer à parcourir les routes de France et de Navarre avec le même désir qui animait les premiers philosophes. Et elle sera de moins en moins seule.

GC : moi j’opte déjà pour l’usage !

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