En effet, ce qui s’avère extraordinaire chez « les Peugeot », c’est leur esprit de famille. Cette saga industrielle en Franche Comté dans le pays de Montbéliard, depuis la fin du XVIIe siècle se dessine autour de la famille. Composée actuellement d’environ 300 porteurs de parts qui possèdent 13,68 % du capital du groupe PSA.
Une dynastie d’entrepreneurs :
- D’abord autour de Jean-Jacques 1699-1741 (meunier) puis, de son fils Jean-Pierre qui construisit plusieurs moulins, mais qui dirigea en même temps, une teinturerie. Dont les fils, Jean-Pierre II et Jean-Frédéric, à leur tour, transformeront le moulin familial en f Pendant que Charles-Christophe et Jean-Pierre II, continuèrent aussi l’activité dans le textile
- En 1810, Jean-Pierre II s’associa avec Jacques Maillard-Salins (d’une grande famille d’industriels horlogers du Haut-Doubs). Ils fondèrent « Peugeot Frères Aînés et Jacques Maillard-Salins ». Deux nouvelles usines construites dans les environs de Sochaux ;
- Fin 1814, la fonderie, pas assez rentable, sera abandonnée. L’entreprise se reconvertit dans la production de ressorts pour mécanismes d’horlogerie ;
- En 1825, une nouvelle usine de laminage à chaud verra le jour à Valentigney au sud de Sochaux ;
- le Lion de Peugeot vient du blason de la région dans laquelle elle était installée, la Franche-Comté. Indissociable de Peugeot, la création du logo remonte à près de 1847, donc bien avant que la firme franc-comtoise se tourne vers la construction de voitures !
- Les voitures de la marque possèdent des numéros de trois chiffres qui comportent un zéro au milieu : de 101 à 909. raison est simple : à l’époque, le démarreur électrique n’existait pas encore. Les premiers démarreurs nécessitaient un peu d’huile de coude en faisant tourner la manivelle. Mais il fallait bien un endroit où insérer le trou pour cette manivelle. Peugeot a judicieusement choisi le zéro pour le masquer.
Autres activités :
- Jules Ier et Émile succèdent à leur père Jean-Pierre II, à la tête de la société et fondèrent : « Établissements Peugeot Frères » ;
- Les Peugeot exploitent des domaines forestiers ;
- Ils fabriquent toutes sortes d’outillage à main pour l’artisanat, l’industrie et l’agriculture. Des moulins à café, des lames de ressort pour l’horlogerie et des baleines de corsets pour l’habillement féminin ;
- En 1882, fabrication en série avec succès du grand-bi (l’ancêtre du vélo), puis celle des tricycles et en 1886 les bicyclettes à roues égales et transmission par chaîne
Les Peugeot et l’automobile :
Armand (fils d’Émile), découvre alors durant l’exposition Universelle (1889) le nouveau moteur à explosion, à gaz de pétrole, de l’inventeur allemand Gottlieb Daimler. Armand fera fabriquer son moteur par Panhard et Levassor. Émile Levassor proposera à Armand de construire un quadricycle,
Armand Peugeot s’avèrera le principal fondateur de la branche automobile
- Pour accélérer leur fabrication, Armand n’hésitera pas d’attribuer à l’entreprise une partie de son jardin.
- Dès 1885, les premières bicyclettes sortent ainsi des usines.
- Armand produit sa première automobile à moteur à explosion en 1891;
- Des conflits avec la famille, qui ne croit absolument pas à ce nouveau mode de locomotion deviennent si aigus, qu’Armand prend son indépendance en 1896 ;
- Le décès d’Eugène en 1907 facilitera la réconciliation et dès 1910. Les automobiles seront produites sous le même emblème (le fameux Lion).
Naissance de l’empire automobile :
- L’histoire de Peugeot, commença vraiment deux ans plus tard avec la première voiture au monde fabriquée en série : la type A.
- Durant l’exposition universelle de Paris, (1889), Armand présente le premier véhicule automobile portant le nom de Peugeot à savoir : un tricycle à vapeur (non commercialisé), réalisé avec l’ingénieur Léon Serpollet.
- En 1892, « Établissements Peugeot Frères » devient « les Fils de Peugeot Frères ». Armand veut développer la construction automobile alors que son cousin Eugène Ier reste hostile à cette invention à laquelle il ne croit pas. Celui-ci continuera à fabriquer des bicyclettes, motos, tricycles et quadri-cycles avec ou sans moteur et également des outils, des articles ménagers, des moulins à café ;
- En 1905, les trois fils d’Eugène : Pierre Ier, Robert Ier et Jules II, sortiront une voiturette sous la marque « Lion-Peugeot » contre la volonté de leur père toujours hostile à l’automobile. Leur société « les Fils de Peugeot Frères » fusionnera à nouveau avec « Automobile Peugeot » de leur grand cousin Armand.
Peugeot, durant les deux Guerres mondiales
- En 1914, la guerre mettra un coup d’arrêt à l’évolution et à la prospérité de Peugeot. Les usines seront mobilisées et fabriqueront des vélos, des voitures, des camions, des chars, des moteurs d’avions, des bombes et des obus ;
- Durant la seconde Guerre, les usines Peugeot seront occupées, sabotées et même bombardées par les alliés. La Direction de Peugeot ayant fournis ses propres plans des usines pour leur indiquer là où il valait mieux bombarder !
- Pendant l’occupation allemande en France, Peugeot, comme de nombreuses entreprises françaises, sera obligé de travailler à l’effort de guerre allemand ;
- Les salariés et la Direction vont alors s’atteler à faire baisser la productivité par toutes sortes de moyens : utilisation de machines anciennes, pénuries organisées de matières premières …
La productivité baissera de 80 % par rapport à celle de 1939.
L’entreprise après-guerre :
- En 1953, Robert 1er récupère toutes ses entités sous le nom unique de « Peugeot » ;
- Il constituera PSA (Peugeot Société Anonyme) en 1966, qui assurera une gestion financière unique pour l’ensemble du groupe (automobiles, cycles, aciers et outillages) ;
- Bertrand en 1976, supervisera la fusion-absorption des marques Peugeot SA et Citroën SA. Il a aussi exercé diverses fonctions de président et administrateur de sociétés du groupe PSA.
- Le 12 avril 1960, Éric, le fils de Roland, est kidnappé au Golf de Saint-Cloud. Le 14 avril, le père livre lui-même une rançon de 50 millions de francs en billets aux malfaiteurs par un rendez-vous dans une galerie marchande de Paris ;
- Robert saura concilier l’audace et la mesure, jouer la prudence. Il exploitera toutes les opportunités. Un « Esprit Peugeot » qui peu à peu, va déborder des usines pour imprégner une clientèle qui partagera des valeurs semblables, (la robustesse …).
Du social chez Peugeot :
- Émile avec sa fille Lucy, (protestants et fervents pratiquants), seront des pionniers en matière sociale.
- Ils créent et financent diverses institutions de secours ;
- Une caisse de pensions pour les veuves en 1811 ;
- Une assurance mutuelle sociale en 1853, près de 100 ans avant la sécurité sociale créée en 1945 ;
- Des logements à bas prix pour leurs salariés ;
- L’hôpital de Valentigney en 1870 où les ouvriers accidentés sont soignés gratuitement ;
- En 1871, ils établissent la durée du travail à douze heures par jour ;
- Un système de caisse de retraite ouvrière en 1876 ;
1982 :
En 1982, Pierre Peugeot crée « l’Aventure Peugeot Citroën DS ». Il souhaitait poser les bases d’une grande association sous la forme d’une structure patrimoniale au service de l’histoire industrielle du groupe Peugeot. Avec aussi l’ouverture d’un musée.
Jacques Calvet est engagé par la famille Peugeot en 1982 pour redresser le groupe PSA. Qui est à ce moment-là en situation délicate suite aux conséquences financières du rachat périlleux des actifs de Chrysler Europe. PDG emblématique du groupe de 1984 à 1997. Jacques Calvet restructure profondément l’entreprise recentré sur deux marques Peugeot et Citroën. Il met fin à la marque Talbot. Il parvient à en faire de sa marque un constructeur automobile européen de premier plan.
Bien d’autres membres de la famille Peugeot (très nombreuse) assureront à tour de rôle le bon développement de la marque Peugeot, et je m’excuse auprès d’eux, de ne les avoir pas tous cité dans cette saga.
« Réunis les charbons brûlent, séparés ils s’éteignent »
Conclusion :
La famille se retrouvent encore régulièrement, pas seulement pour cultiver la mémoire de la famille, « les cousinades ». Et aujourd’hui, autour d’un programme sur mesure, baptisé «NextGen». Au sein de cette «G9 » (9ème génération), il s’agit de repérer les talents capables de s’imposer dans les instances familiales. La relève Peugeot est cultivée :
«Le Lion va rugir encore longtemps », telle est leur devise.