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Des femmes pionnières dans l’Automobile

Les premières femmes : Bertha Benz

Les premières femmes : Bertha Benz

L’arrivée des femmes à l’aube de l’histoire de l’automobile (début du XXe siècle) n’était pas un corollaire certain. Cela risquait de rester le domaine d’hommes fortunés. Pourtant certaines d’entre elles agissaient déjà pour s’y affirmer. Zn fait, Il faudra attendre les années 60 pour qu’elles « s’installent » vraiment dans la voiture.

Pour les femmes, un symbole :

La voiture constitua pour les femmes un symbole de liberté, d’indépendance et d’autonomie plutôt que du pouvoir chez les hommes. Comme dans bien d’autres domaines le problème venait surtout de l’éducation ou plutôt de la non-formation des femmes aux métiers de l’automobile. (Combien de femmes ingénieurs ? Ou carrossières ? Combien de femmes disposaient des moyens financiers nécessaires ?).

Naturellement, un certain ostracisme culturel des hommes y vit l’occasion de s’exacerber mêlant de la crainte et de l’humour pour conserver leur primauté.

Il faudra attendre les deux guerres mondiales pour placer un volant dans les mains des ambulancières, et demander aux femmes de fabriquer des obus dans les ateliers. Mais encore aujourd’hui le voiturier tend les clés de la voiture qu’il rend, d’abord à l’homme du couple !

De l’ostracisme ?

Au volant aussi, leur installation dépendra de la transformation des mentalités, de la société…et des droits civiques. Le fameux certificat de capacité à la conduite d’une voiture s’ouvrira aux femmes :

Avant 1914, le rôle de la femme au volant, s’établira comme marginal, bourgeois ou aristocratique et essentiellement urbain. L’automobile fut bientôt très prisée et adoptée par des « mondaines ». La promenade au bois en automobile appartiendra à « l’élégance parisienne ».

L’automobile s’associera souvent à l’élégance et au charme féminins (surtout au début de l’histoire) avec plus ou moins de délicatesse dans le choix des images et des slogans publicitaires utilisés (le fameux calendrier Pirelli, même s’il en faut pour tous les goûts). Ou encore le fameux : « En voiture Simone » de la française Simone de Pinet de Borde des Forest.

L’ACF (Automobile Club de France) n’accepte toujours pas de femmes parmi ses membres.

Sur le plan littéraire* :

On trouve toujours des textes édifiants, comme ce « Sainte chérie » de Nicole de Buron, illustré par Cabu, qui nous raconte les mésaventures d’une Parisienne tentant de garer sa voiture, tout à la fois inconsciente et ridicule, bien sûr tellement charmante ! Mais véhiculant à la fois l’idée d’un danger, d’un péril.

La garçonne et l’Auto

« La Garçonne », ce personnage de femme immortalisé par Victor Margueritte qui donne aux traits de son héroïne une valeur. Il est incontestable que la voiture, de préférence sportive décapotable qu’elle s’est payée avec ses deniers fait partie de la panoplie obligée de ce personnage sulfureux, aux côtés du costume masculin, des cheveux courts et de sa liberté sexuelle.

Colette déplore avec nostalgie cette frénésie de la vitesse qui est aussi pour elle abandon d’un aristocratique et paresseux art de vivre.

La fin tragique d’Isadora Duncan, étranglée par l’écharpe prise dans la roue d’une voiture conduite par un jeune amant.

Sans compter sur les Thelma et Louise, dans un « road movie » au féminin, et que leur voiture emporte loin d’un univers masculin qui les opprime, mais aussi vers la mort.

*Réflexions tirées dans « Histoire urbaine », pages 55 à 79.

Des femmes pionnières :

Tout au long de l’histoire de l’automobile, des pionnières ont énormément contribué au succès et aux progrès des voitures.

Bertha Benz :

La première femme « reconnue » dans l’automobile :

Bertha Benz, la fiancée de Carl Benz hypothéqua sa dot, pour financer les projets et les travaux de son mari. Elle le poussa à déposer des brevets sur ses inventions. Puis, lassée de l’attitude frileuse de son mari, qui se contentait de faire le tour du pâté de maisons avec ses prototypes. Le 5 août 1888, elle part, avec ses deux fils adolescents, à l’insu de son mari, au petit matin avec le 3ème prototype pour « aller voir sa mère » et parcourir le premier trajet sur longue distance en automobile. Soit les 104 kilomètres qui séparent Mannheim de Pforzheim. Cette équipée nécessitera de changer les piles électriques de recharge, et de s’approvisionner en chemin, de benzine (10 litres de ligroïne, un détachant pour tissus) chez des pharmaciens, et de l’eau pour refroidir le moteur. Carl ne pensait pas que sa voiture pouvait faire de longs parcours, il n’avait donc pas prévu de réservoir ! C’est pourquoi la première station-essence sera la pharmacie de Wiesloch, en Allemagne.

L’équipée de Mme Benz :

Bertha roulera sans autorisation, Carl étant le seul à avoir obtenu l’aval des autorités, recevant de fait le premier permis de conduire de l’histoire.

En chemin, elle demande à un cordonnier de fixer du cuir sur les blocs de freins pour en améliorer l’efficacité, (inventant ainsi les plaquettes de frein). Et utilisa sa jarretière pour isoler un tuyau abîmé et une épingle à chapeau pour déboucher une canalisation.

Depuis 2008, la Bertha Benz Memorial Road permet de retracer son premier voyage à travers un circuit touristique. Le refaire constitue un beau moyen de rendre hommage à cette pionière de l’automobile.

Sophie Opel, première femme constructrice automobile :

À la mort de son mari, Adam Opel fondateur de la marque Opel, Elle prit la tête de l’entreprise en 1895, qu’elle dirigera pendant 18 ans.

La Duchesse d’Uzès militante féministe :

La première femme à obtenir son permis de conduire en 1898 en France. Et aussi la 1ère à transgresser une limite de vitesse et à en payer la contravention. Anne d’Uzès créera l’Automobile-club féminin en 1926 qu’elle présidera jusqu’à sa mort en 1933.

Camille du Gast, la première femme pilote de course automobile :

En 1901, Camille du Gast, première femme française à participer à la course Paris-Berlin. Au volant d’une Panhard-Levassor 20CV. Elle courue ensuite pour Benz. Cependant, elle se verra interdire l’accès au pilotage, sous prétexte qu’elle était une femme. Après la première guerre mondiale, elle devint la vice-présidente de la Ligue française du droit des femmes.

Wilhelmine Ehrardt :

Un mari constructeur automobile. Le 3 août 1901, elle participa à la course de côte longue distance Eisenach – Meiningen – Eisenach. Malgré une motorisation poussive, elle manqua le podium d’un cheveu.

Dorothy Levitt :

La femme la plus rapide du monde en 1906 :

L’Anglaise Dorothy Levitt établit un record de vitesse à bord d’un Napier 6 cylindres. Elle atteint la vitesse de 146,25 km/h. Véritable icône du féminisme, elle est également la première à remporter une course automobile aux Southport Speed Trial de Blackpool. Elle donnera aussi un conseil pour voir ce qui se passe derrière la voiture : avoir un miroir à portée de main. Le rétroviseur avant l’heure.

Stéphanie Kwoleck :

Une allemande qui inventa en 1968, une fibre cinq fois plus résistante que l’acier à poids égal et qui résiste aussi au feu : le Kevlar

Clärenore Stinnes :

En 1929, à 26 ans, entreprit de faire le tour du monde au volant d’une automobile. Un véritable tour de force d’une durée de 25 mois au volant d’une Adler Standard 6 de 35 ch. Elle ne put utiliser ni routes ni cartes pour se diriger, ni de stations-service ni encore de garages automobiles. Elle fit preuve d’une grande détermination.

Mary Anderson :

Mary Anderson, ingénieur automobile inventa en 1913, l’essuie-glace (manuel) de pare-brise, dont elle ne tirera aucun profit. Devant le peu d’intérêt de son invention, elle ne renouvela même pas son brevet. Un système automatique fut inventé par une autre femme, Charlotte Bridgwood, en 1917, mais là encore, sans succès commercial… Et c’est en 1922 que Cadillac installa un essuie-glace sur tous ses modèles.

Florence Lawrence :

Une star hollywoodienne, (plus de 250 films), grâce à ses revenus substantiels, elle put s’offrir une voiture dès 1913. Alors elle eut l’idée d’un indicateur de direction, (un clignotant). Elle fit construire un « bras de signalisation automatique » qu’elle actionnait à l’aide d’un levier derrière le volant et un signal qui s’allumait à la pression de freinage.

Margaret A. Wilcoxn :

Margaret A. Wilcox, Ingénieur automobile américaine considérée comme l’inventrice du chauffage dans les automobiles. Elle détiendra de nombreux brevets pour ses inventions.

Suzanne Vanderbilt :

Suzanne Vanderbilt, gravit opiniâtrement les échelons chez General Motors, jusqu’à devenir enfin responsable du design du studio de conception intérieure de Chevrolet en 1972. « Ce qui fait avancer un designer, c’est le fait de ne jamais être satisfait, de rechercher sans cesse la perfection, de trouver des solutions innovantes et créatives. »

Leila Lombardi :

Leila Lombardi, pilote de formule 1, fut la seule femme à obtenir des points au cours d’une course à Brands Hatch en 1974.

Jutta Kleinschmidt :

Jutta Kleinschmidt pilote bavaroise, elle termine son premier Paris-Dakar en 1988 sur une moto, puis gagne l’épreuve en 2001 en voiture, devenant ainsi la première femme à gagner le rallye le plus difficile au monde. Elle s’avèrera aussi une excellente mécanicienne et également une pilote d’hélicoptère passionnée,

Michèle Mouton :

Michèle Mouton une pilote qui se mesurera à armes égales avec des pilotes masculins. Elle débutera avec son Alpine personnelle, puis des voitures bien plus puissantes telles des Porsche Carrera RS, des Lancia Stratos et Audi Quatro. Michèle M. remportera entre autres le Rallye de San Remo, de l’Acropole. Elle gagnera les 24 h du Mans dans sa catégorie en 1975, sur une Moynet LM75. 

Michèle Mouton
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